La fille du passeur

« Ohé du bateau !… » Les mains en porte-voix, ou à grands coups de cloche, le client hèle le passeur… Moyennent quelques pièces pour une prestation bien tarifée, celui-ci vous fera passer de l’autre côté de l’eau.

C’est dans ce cadre que s’inscrit la double histoire d’amour que nous livre Christian Pian. La passion d’une jeune femme pour Alain, beau et courageux charpentier de marine et l’amour qu’ils ont en commun pour la Rance, enchâssée dans l’écrin de ses berges boisées. Pour qui a la chance d’être né sur ses rives, n’est-ce pas là le meilleur endroit pour nicher son bonheur ?

Le père de l’héroïne, passeur de profession, successeur d’une longue lignée, considère cet espace maritime comme son domaine. Il adore parler de la Rance à sa fille qu’il abreuve de ses bavardages depuis sa plus tendre enfance, lorsqu’elle l’accompagne dans ses traversées. Elevée dans cette ambiance, la fille du passeur fait de la Rance une compagne de jeux, recherche son avis comme celui d’une amie, la rend complice des décisions qu’elle prend.

Devenue jeune fille, elle garde une relation singulière avec la rivière. Et lorsqu’elle se trouve dans une situation particulièrement dramatique, elle implore encore son aide…

Cette relation très étrange entre les hommes et leur rivière est parfaitement corroborée par ces quelques propos de Jean Urvoy dans son ouvrage Ma Rance passion : « je suis braconnier qui connaît la rivière, ses rives, sa surface, sa couleur, sa profondeur, qui lit en elle… Notre vie était dans la rivière, ailleurs c’était l’exil ».

Une belle histoire dans un bel écrin…